jeudi 23 février 2017

LE COMITE D'ENTREPRISE DE METSO



Nous savons tous que la direction de Metso exerce un contrôle sur les instances (CE, DP, CHSCT) et a souvent fait des entorses au droit du travail. Cependant le droit du travail a pour but de protéger les salariés et la direction, comme les salariés, doit s’y soumettre. Le droit n’est pas contournable.
Je voudrais prendre pour exemple ce qu’il s’est passé lors de la dernière réunion de CE le 17/02/2017 lors de l’adoption du PV de CE.

Un PV de CE est une pièce juridique qui retrace les échanges du CE. Ces 2 choses (échanges et PV) sont cadrés par la loi : ils sont obligatoires et sont régis par des règles qui peuvent se résumer ainsi :

Le secrétaire de CE rédige d'après ses notes (ou d'après enregistrement) un PV de CE provisoire, le diffuse aux membres du CE, ceux-ci peuvent faire des propositions de modification en mettant tous les membres en copie (ils peuvent également le faire oralement lors du CE suivant), enfin les modifications demandées doivent être discutées en séance entre les membres du CE pour ensuite être approuvées (votées) démocratiquement en séance aussi (articles L. 2325 et suivants et R. 2325 et suivants du code du travail).
 
Or que se passe t’il lors des CE Metso (exemple du 17/02) ?
Ce qu’il se passe « depuis toujours » suivant les propres mots du secrétaire de CE :
- Le secrétaire de CE envoie le PV provisoire à tous les participants, y compris aux personnes qui ne sont pas membres du CE (les invités ou collaborateurs de la direction) ce qui est contraire à la loi. Puis dans le PV définitif il prend en compte les remarques de ces derniers préférablement à celles des membres légitimes du CE.
 
Extrait d’un courrier de l’inspection du travail à ce sujet : « L’article R. 2325-3 du code du travail prévoit la communication du procès-verbal à l’employeur et aux membres du comité. Par « membres du comité », il faut entendre les membres élus du CE, titulaires et suppléants, ainsi que les membres non élus ayant voix consultative que sont les RSCE (art. L. 2324-1 et L. 2324-2 du code du travail). Les « deux collaborateurs » ayant voix consultative qui peuvent assister l’employeur, prévus par l’article L. 2325-1 du code du travail, ne sont pas « membres du comité », et n’ont vocation qu’à assister le seul président. Ils n’ont pas le droit de présenter des observations ou de faire des propositions sur le contenu du procès-verbal (pas plus que les « invités », comme j’ai déjà eu l’occasion de le rappeler en cours de CHSCT). Concrètement, lorsqu’un collaborateur de la direction écrit au secrétaire du CE dans son mail du 10/02/17 à 12 :12 « David, J’ai fait des corrections mineures en jaune. Ne pas prendre en compte les corrections d'Untel », il commet clairement une entrave au fonctionnement du CE, constitutive d’un délit pénal. »
 
- Après les propositions de modifications des membres le secrétaire de CE renvoie un PV définitif – enfin pas toujours, nous sommes souvent contraints de valider un document que nous n’avons pas vu.
- Dans les cas où, comme le 17/02, le secrétaire de CE renvoie bien le PV définitif pour approbation, on s'aperçoit que toutes les demandes de modifications n’ont pas nécessairement été prises en compte. Certaines oui, d'autres non. Et on ne sait pas quel est le critère qui a présidé à ce choix.
            - Et enfin lors de l'approbation du PV définitif en séance, il n'est jamais discuté des modifications proposées, qu'elles aient bien été reportées ou non.
            - La direction fait assez souvent le forcing pour ne pas passer trop de temps sur cette approbation « car on a beaucoup de sujets à discuter ».  
 
C'est ainsi qu'à la fin le dialogue n'en est pas un, que la démocratie n'en est pas une, que les points de vue de certaines personnes finissent par primer sur d'autres, en toute inégalité des chances de parole, et aussi en toute illégalité, en dépit de plusieurs courriers de l’inspection du travail sur ce même sujet.
 
 
Extrait d’un courrier de l’inspection du travail : « je vous demande donc de revoir à l’avenir les destinataires des procès-verbaux de CE avant adoption, et de procéder à l’adoption de ces mêmes procès-verbaux en séance, comme il se doit, sans escamoter les débats que cela peut susciter : l’adoption du procès-verbal en séance n’est pas une simple formalité mais l’occasion d’un débat, avec vote sur les rectifications si nécessaire, y compris lorsque les points concernent l’identité des personnes intervenant. Je vous renvoie sur ce point à mon courrier à Mme la Directrice Générale du 21 septembre 2016, dont certains d’entre vous ont déjà un extrait, qui détaille notamment la manière de traiter les points de modification qui font désaccord. [] Pour conclure, je vous rappelle que le respect des règles constitue le meilleur garant d’un fonctionnement apaisé profitable à tous, et vous demande donc d’en revenir au droit. »
 
Extrait d’une réponse faite à l’inspection du travail : « depuis plus de 8 ans, nous avons toujours donné la possibilité aux élus, à la présidente, à ses assistants et aux RS de reformuler, compléter, exceptionnellement corriger leurs propos. Après vérification auprès d’un ancien DS à la retraite, cette habitude s’avère être très ancienne. »
 
Extrait de réponse de l’inspection du travail : « Le fait qu’une habitude soit « très ancienne » ne la légitime pas pour autant si elle est illégale, ce qui est le cas en l’espèce. Par ailleurs la question des procès-verbaux de CE et de la sincérité de leur contenu ne fait manifestement pas consensus, au vu des demandes et des rappels déjà fait tant par Mme Dossier avant moi que par moi. Je vous rappelle donc que les règles énoncées s’imposent à tous, salariés et employeur, et vous demande de vous y plier »
 
La loi est bien là pour assurer l’apaisement et le dialogue par l’équilibre des forces. Car la loi n’est pas contournable. Les tensions actuelles dans l'entreprise s'expliquent d'ailleurs certainement par l'absence de dialogue que nous retrouvons partout dans l'entreprise, pas uniquement au CE. Il est donc dans l’intérêt de tous de respecter la loi afin de ne plus être dans la lutte mais d’être enfin dans le dialogue et la construction, ensemble. Ensemble veut dire "tous ensemble" et non pas seulement quelques-uns.
 
La CFE-CGC par sa présence est la garante de l’application de la loi chez Metso. Cela s'est vérifié durant le PSE et cela continue à se vérifier après. Ceci, dans l’intérêt des salariés. Si vous souhaitez que cette situation persiste dans le temps donnez vos suffrages à la CFE-CGC aux prochaines élections.
 
Catherine Lepeltier
Déléguée syndicale CFE-CGC pour Metso France


mardi 21 février 2017

DECLARATION AU CE DU 17/02/2017



Le CE est un organe de discussion et d'échanges entre les représentants des salariés et la direction d'une entreprise. Sa raison d'être est de cadrer le pouvoir de la direction en lui fixant des obligations d'information, de dialogue et d'écoute des salariés. Cet organe d'échanges et de dialogue se veut le garant du respect des intérêts de chacun.
 
Durant le CE on constate les chiffres réalisés, on parle des objectifs fixés, et on discute ensemble de la stratégie de l'entreprise, car la loi considère que les salariés ont leur mot à dire.
 
Chaque réunion de CE doit faire l'objet d'une prise de notes ou d'un enregistrement qui sera consigné dans un procès-verbal pour pouvoir s'y référer en cas de besoin. Cet historique des échanges entre les représentants des salariés et la direction est une pièce officielle, juridique. Elle est la trace d'un échange démocratique et fait l'objet d'une validation qui se veut démocratique également.
 
Lorsque tout se passe normalement :
            - le secrétaire de CE rédige d'après ses notes (ou d'après enregistrement) un PV de CE provisoire
            - il le diffuse aux participants du CE pour approbation
            - Les membres du CE peuvent y apporter des modifications s'ils le souhaitent. Dans ce cas, ils font une proposition de modification en mettant tous les membres en copie. (Ils peuvent également le faire oralement lors du CE suivant).
            - En tout état de cause les modifications demandées doivent être discutées entre les membres pour ensuite être approuvées c’est-à-dire votées à la majorité par l'ensemble des membres du CE.
 
Voilà en résumé comment doit fonctionner un CE d'après le code du travail. L'esprit qui préside à ces règles de fonctionnement est la démocratie. Les représentants des salariés ne sont pas seulement là pour réchauffer les sièges, écouter un cours magistral et opiner du chef. D'après la loi on doit dialoguer ensemble, apporter des éléments, débattre ensemble et pour les PV définitifs approuver ou désapprouver ensemble ce qui s'est dit.
 

Or comment cela se passe t-il « depuis toujours » à Metso ?
            - Le PV de CE provisoire est envoyé aux membres par le secrétaire de CE.
            - Les membres renvoient s'ils le souhaitent leurs demandes de modifications par écrit.
            - Le secrétaire de CE reproche souvent aux membres (et souvent par écrit) de mettre tous les participants du CE en copie de ces demandes de modifications car il préférerait en être l'unique destinataire.
            - Après avoir reçu toutes les demandes, il rédige un PV définitif qu'il envoie avant la séance suivante (mais ce n'est pas toujours le cas, nous votons souvent sur la base d'une simple assertion orale « j'ai bien pris en compte toutes les dernières modifications »).
            - Dans ce PV définitif renvoyé par le secrétaire pour approbation, on s'aperçoit que toutes les demandes de modifications ne sont pas nécessairement prises en compte. Certaines oui, d'autres non. Les membres du CE ne savent pas quel est le critère qui a présidé au choix de la prise en compte ou de la non-prise en compte. Ils voient simplement (ou ne voient pas, si le PV de CE définitif n'a pas été envoyé avant la réunion) ce qui a été pris en compte ou non.
 
            - Et enfin lors de la réunion de CE suivante, au moment de l'approbation du PV définitif, il n'est jamais discuté des modifications proposées, qu'elles aient bien été reportées ou non.
            - La direction fait assez souvent le forcing pour ne pas passer trop de temps sur cette approbation « car on a beaucoup de sujets à discuter ».
 
C'est ainsi qu'à la fin le dialogue n'en est pas un, que la démocratie n'en est pas une, que les points de vue de certaines personnes finissent par primer sur d'autres, en toute inégalité des chances de parole, et aussi en toute illégalité.
 
On pense que la loi est lourde et qu'elle est là pour nous embêter. Mais ici la loi est là pour assurer la démocratie et le dialogue. Alors pourquoi en faire fi ?
 
Calcul volontaire ? Maladresse ? Mauvaise connaissance du droit ? On ne sait pas. Mais ce qui est sûr c'est que cela génère des tensions et que cela crée des inégalités entre par exemple le secrétaire de CE - ou par exemple la direction - et d'autres membres du CE.  Avec une telle pratique le droit de parole de la direction ou le droit de parole du secrétaire de CE a plus d'importance que le droit de parole d'un autre membre du CE. Si la loi était respectée ça ne devrait pas être le cas.
 
La remarque a pourtant déjà été dite et écrite à plusieurs reprises. L'inspection du travail nous invite à « revenir à la loi ». C'est une façon de le formuler. Les questions que pose la CFE-CGC sont : « Pourquoi exactement voudrait-on persister à faire des différences comme celles que l'on pratique à Metso ? A t'on réellement quelque chose à y gagner ? Les salariés dans ce cas sont-ils réellement représentés ?»
 

Catherine Lepeltier
Déléguée syndicale CFE-CGC pour Metso France